Xavier Niel, le fondateur de Free, a accordé un long entretien au Financial Times, dans laquelle il revient sur son parcours. «La France ne m'a pas freiné, mais elle ne m'a pas aidé non plus», estime l'homme d'affaires, aujourd'hui à la tête d'une fortune valorisée autour de 6 milliards d'euros.
Les élites françaises, à ses yeux coupables de «copinage», concentrent une partie de ses critiques. «La plupart des hommes d'affaires français sont des héritiers, qui fréquentent les mêmes cercles, ou ont obtenu leurs postes directement ou indirectement grâce au pouvoir politique. Ils ne créent généralement pas de grandes choses. Regardez le CAC 40 : il ne comporte qu'une seule entreprise vieille de moins de 30 ans - Gemalto, qui fabrique des cartes intelligentes. Peu de pays sont dans cette situation», déplore le self-made man.
Egalement actionnaire du journal Le Monde, il n'épargne pas non plus le pouvoir politique : «La France n'est pas le pays le mieux dirigé. [...] La France fait des gaffes énormes, comme cette taxe à 75% qui ne touche personne mais fait parler tout le monde». Il ne sera lui-même pas touché par cette mesure symbolique annoncée par François Hollande durant la campagne présidentielle car il ne touche selon ses dires, «pas un gros salaire», quand la taxe s'impose aux revenus supérieurs au million d'euros.
Dailymotion intéresse Xavier Niel
Xavier Niel entend apporter lui-même sa pierre à l'édifice. Outre la commercialisation de son offre mobile, qui a selon lui «redonné 2 milliards d'euros de pouvoir d'achat aux Français», il a récemment investi 70 millions d'euros pour créer une école de programmation informatique baptisée 42. «Je pense que 10% des élèves crééront leur entreprise, c'est formidable. 1% seulement réussira, mais ce n'est pas grave». Il affirme soutenir les jeunes pousses en soutenant financièrement deux starts-up chaque semaine. Et conteste les critiques de ses concurrents, qui lui imputent la suppression de milliers de postes.
En trublion des médias, il a également affirmé avoir l'intention de poursuivre le blocage de la publicité sur internet brièvement mis en place en janvier. Un tel dispositif avait été installé par défaut sur la Freebox durant quelques jours, suscitant une levée de bouclier et l'intervention du gouvernement. Il s'agissait pour Free de faire pression sur Google dans le cadre de négociations sur le financement des réseaux télécom. «Nous continuerons, a-t-il prévenu. Nous continuerons à bloquer les pubs de temps en temps, et un jour nous le ferons pour de bon».
Selon le site Wansquare, Xavier Niel serait par ailleurs intéressé par le rachat des parts de France Télécom dans Dailymotion. Le ministre du Redressement productif, Arnaud Montebourg, s'était auparavant opposé au rachat du spécialiste de la vidéo sur internet par l'américain Yahoo!. Ce dernier ayant jeté l'éponge, Dailymotion est toujours à la recherche d'un partenaire qui lui permettra de se développer à l'étranger, notamment aux Etats-Unis et en Asie.